Pink Floyd et l’après Syd Barrett
L’équilibre de Pink Floyd post Barrett reposait sur la géométrie d’un triangle délicat. En un point, la guitare stratosphérique de David Gilmour et sa voix. En son second sommet, la vision, les textes et dans une certaine mesure, la voix de Roger Waters, indubitable tête pensante du groupe. Et pour segmenter jusqu’au troisième angle de la triangulation du Floyd, l’atmosphère créée par les claviers de Wright «l’âme sonore du groupe» dont la voix s’harmonisait tranquillement avec celle de Gilmour.
Rick Wright, l’esprit feutré du Floyd
Personnage plutôt discret, voire effacé, il a participé à plusieurs moments de bravoure du groupe en s’attelant à la composition de certains titres dont Shine on you Crazy Diamond parmi les plus connus (période Waters), et le mésestimé Wearing the Inside Out (période Gilmour) qu’il porte de sa délicate voix.
Pink Floyd – Rick Wright : Wearing the inside out
Outre sa maîtrise parfaite des claviers et l’atmosphère particulière qu’il a imprimée sur l’album The Dark Side of the Moon, il a été pendant longtemps crédité comme l’unique compositeur d’un des sommets du disque : The Great Gig in the Sky (La belle respiration avant la montée en grade du bruit des tiroirs caisses de Money) qui clôture la face 01 sur support vinyle. Heureux, ceux qui ont possédé cette galette noire, « car leur récompense sera grande dans les cieux » !
L’énorme prestation de Clare Torry qu’avait invitée avec insistance l’ingénieur de son, un certain Alan Parsons (pas encore Project) et payée cash a été considérée plusieurs années par la justice britannique comme une création artistique de sa part, nécessitant qu’elle soit créditée au même titre que Wright.
C’est l’une des très rares fois sous l’ère Waters, qu’une personne étrangère au groupe soit retenue à la composition d’un titre. Il y eut avant Clare Torry, Ron Geesin sur «Atom Heart Mother» de l’album éponyme et bien plus tard Bob Ezrin sur le titre de The Wall «The Trial».
Rick Wright, une personnalité pourtant déterminée !
Sous le caractère timide, aimable et doux de Rick Wright, se cache pourtant une forte personnalité. Musicalement apte et talentueux, il ne se laisse pas conter. Il est le premier du groupe à se « rebeller » ouvertement devant la mainmise étouffante de Waters. Cela amènera son départ du quatuor pendant les séances d’enregistrement de The Wall. Certes il reviendra comme sideman pendant la tournée qui suivra, ne subissant toutefois pas, les énormes pertes de la tournée, payé rubis sur ongle pour ses prestations. Cela ne se reproduira pas pour The Final Cut, (ce tant voulu) Requiem pour un rêve d’après-guerre, le premier album solo de Roger Waters…
Plus tard, le duo Gilmour / Mason sollicitera ses services (en tant que Sideman) pour l’album A Momentary Lapse of Reason. Mais, il réintégrera le groupe pour le deuxième album du duo Gilmour / Mason devenu trio : The Division Bell.
Il sera également du concert des retrouvailles du quatuor lors du Live at Live 8 en 2005.
Live 8 – London 2005
Notons également que Rick Wright participera à leur intronisation au Rock and Roll Hall of Fame en 1996 (Waters absent) par Billy Corgan.
Il s’éteindra trois ans plus tard. Le 15 septembre 2008 précisément. C’était un chic type ! Ses albums solos Wet Dream (1978) et Broken China (1996) font la joie de ses fans.
Gérard Bertrand Kamdom-Motsebo